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« Fini, c'est fini, ça va finir, ça va peut-être finir. Les grains s’ajoutent aux grains, un à un, et un jour, soudain, c’est un tas, un petit tas, l’impossible tas.»

13-11-13 : Le sentiment de vide qui prend toute la place.

Publié le 13 Novembre 2013

13-11-13 : Le sentiment de vide qui prend toute la place.

Minable. C'est tout ce que je suis. Je sers à rien, je fais rien, j'apporte rien à personne. Je vous envie pour votre bonheur, pour vos vies relativement tranquilles, pour les petites crises que vous avez gérer quand je compare aux miennes, pour votre capacité d'écoute que moi j'ai perdu. Je suis même plus capable d'être une bonne amie. Je laisse les gens se détruire, parce que je vois pas plus loin que le bout de mon nez, parce que je suis trop bloquée sur ma rupture pour m'occuper des autres. Et ça se finit en drame, avec un coup de téléphone qui bouleverse tout, qui change tout, qui ouvre les yeux, qui fait pleurer pour de bonnes raisons cette fois. Deux fois. Deux fois en sept ans que mon cœur s'arrête, que tout s'écroule quand j'entends cette voix dans le téléphone. Dès que je l'ai entendue, j'ai imaginé le pire, et j'ai revécu toute la scène.

J'oublierai jamais ce moment, du moins les moments avant et après le blackout. Ma mère qui me passe le téléphone, l'air inquiet. Moi, qui sort d'une journée relativement banale, je m'attends à un moment de bonheur en entendant la voix de mon meilleur ami, celui qui me redonne le sourire à tous les coups. Mais non. C'est pas Matthieu. C'est sa mère. Une surprise peut-être ? Non plus. Un coup de massue. "Il a refait une overdose. Cette fois, il a pas tenu le choc". C'est clair, net, précis. Lapidaire. Meurtrier. Je sens toute ma vie qui bascule, je ne comprends pas, je refuse de comprendre.

Trois heures plus tard. Je suis dans la voiture. Ma mère conduit. Elle me parle doucement, comme si j'étais folle. Je lui demande où on va. Elle me réponds "A Caen". C'est vrai alors ? C'était pas un mauvais rêve ? Mon meilleur ami est vraiment mort ?

Qu'est ce que je vais devenir sans lui ? Aujourd'hui j'ai la réponse. Une coquille vide. Un insecte écrasé. Une fille minable.

Et lundi soir, presque sept ans après, c'est pratiquement le même scénario. La numéro qui s'affiche sur mon portable, même si je ne le connais pas, je devine qui sera au bout du fil. Et je sais que, là encore, ça ne sera pas une bonne nouvelle. "C'est Elle. Elle s'est ouvert les veines. Elle va s'en sortir, mais j'ai pensé que tu voudrai savoir". Bien sur que que je veux savoir. Savoir à quel point j'ai merdé. Savoir que je suis la pire amie qui soit. J'ai pas été là pour elle, alors que j'aurai dû. Et voilà à quoi ça nous a mené. Je me sens pitoyable.

Au moins, ça m'a ouvert les yeux. C'est fini de pleurer sur mon sort. Je veux être là pour les gens que j'aime. Je veux leur dire à quel point je tiens à eux, à quel point ma vie serai nulle sans leur présence. Et je réalise que j'ai raté des tas de choses. Comme la petite conne que je suis. Je sais que ça va être dur de revenir maintenant, mais il faut que j'essaie. Parce que c'est important. Parce que je ne veux plus jamais courir le risque de perdre quelqu'un de cette façon. Tout ce que j'espère maintenant, c'est qu'ils me laisseront revenir dans leurs vies. Apparemment, c'est pas trop mal parti. A voir comment ça va évoluer.

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